Où sont les filles ? Cette question a lancé le projet primé Girls Make The City. Après tout, on voit des garçons traîner partout, mais à partir de 9 ans, les filles disparaissent rapidement de l’espace public. Les études montrent qu’elles ne se sentent pas libres et en sécurité dans la rue. ZIJkant et Wetopia veulent donc développer des interventions sensibles au genre et encourager les villes à s’engager dans une planification urbaine sensible au genre. À cette fin, nous avons fait appel à des experts : les filles elles-mêmes.

Podcast

Elena Dikomitis a recueilli les histoires et les rêves des filles dans une série de podcasts.

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Genre et l’espace public

Le mur des vérités : une des réalisations de Girls Make The City

Le mur des vérités a été inaugurée le 20 septembre. Lisez plus ici.

Le projet

En 2022, la Ville de Bruxelles a lancé un appel à projets sur le genre et l’urbanisme. Avec Wetopia, ZIJkant a soumis le projet Girls Make The City, qui a été retenu avec six autres projets. Equal.brussels, le service de l’égalité des chances de la Région de Bruxelles-Capitale, a également soutenu l’initiative.

Regenerative design

Pour ce projet, ZIJkant s’est associé à Joke Quintens, praticienne du développement régénératif, qui avec Wetopia, travaille sur la création de villes faites ensemble, dans le cadre de nouvelles alliances et à partir du potentiel d’un lieu. De précédents projets Wetopia avec des jeunes ont déjà eu lieu au Cap et à Marseille. Joke Quintens a conçu la méthodologie de Girls Make The City et a supervisé le contenu du processus de co-création..

Les participantes

Vingt-cinq filles et jeunes femmes participent au processus. Elles vivent dans les Marolles, y vont à
l’école ou elles utilisent le skate park. Malgré leur lieu commun, beaucoup ne se rencontreront jamais, vu que leurs trajets et leurs origines sont très différents.

Elles proviennent de six organisations/collectifs :

  • Le Foyer des Jeunes des Marolles est un centre de jeunesse situé au cœur des Marolles, où les jeunes peuvent bénéficier d’une aide au travail scolaire, d’activités périscolaires et d’échanges. L’animatrice Rachida El Baghdadi soutient les ateliers animés par Joke Quintens (Wetopia).
  • Les residents des blocs de logements sociaux densément peuplés peuvent se rendre aux antennes d’Habitat & Rénovation pour obtenir un café, des conseils et de l’aide, ainsi que pour participer à des projets communautaires visant à améliorer leur quartier. Francesca Gualino, travailleuse de quartier, s’investit dans le projet.
  • Les Mèrolutionnaires sont comme leur logo au poing levé : combatives. Ce collectif de mères et de résidentes locales, guidé par Ikram Moudden Ridai, lutte pour un quartier sûr et chaleureux. Leurs fêtes de quartier sont connues bien au-delà des Marolles.
  • L’imposant collège de Sint-Jan Berchmans surplombe le skate park des Ursulines, à côté de l’église de la Chapelle.
  • Dans ce skatepark, de plus en plus de skateuses s’exercent, encouragées par les slogans féministes qui colorent le béton terne.
  • Les rollergirls revendiquent également la ville sur roues. Certains s’unissent au sein de l’asbl La Patinerie, qui organise des rencontres tous les mercredis pour les filles, les femmes et les personnes qui ne se conforment pas aux normes cisgenres traditionnelles.

Les supporters

Les filles font la ville, mais elles le font avec l’aide de ces supporters et inspirateurs.

  • Le collectif d’architectes, composé des étudiants Thijs Vleeschouwer et Rebecca van Daalen et des architectes/artivistes Laura Nsengiyumva et Kevin Kimwelle, développe les idées avec les participantes. Sociologue Fien Van Rosendaal les rejoint.
  • Les réflexions analytiques de la plateforme féministe L’architecture qui dégenre alimentent le projet.
  • Les artistes Nora Juncker et Manon Brûlé, créatrices des fresques du skatepark, conçoivent l’illustration et les visuels de Girls Make The City.
  • Le centre culturel Les Brigittines nous accueille lorsque le vent extérieur est trop fort. Beaucoup de filles n’ont jamais mis les pieds dans cette chapelle moderniste.
  • La créatrice du podcast Elena Dikomitis recueille et diffuse les rêves des filles.
  • La photographe Lynn Delbeecke immortalise des instants.
  • equal.brussels et la Ville de Bruxelles soutiennent le projet.

Le processus

  • WORKSHOP 1 : COMPRENDRE LE LIEU

Lors de la première rencontre, nous parcourons les Marolles en passant devant toutes les organisations associées. Les filles expliquent pourquoi elles participent au projet.

Ensuite, nous analysons chaque endroit à l’aide de trois questions. Qu’est-ce qui crée (et ne crée pas) 1) de l’énergie, 2) un sentiment agréable, 3) la sensation de liberté ?

Ensuite, les filles reçoivent une carte postale avec les mêmes questions, qu’elles peuvent poser à leur famille, leurs amis, leurs voisins…

Vous trouvez les résultats de ce workshop dans cette brochure.

  • WORKSHOP 2 : VOIR LE POTENTIEL DU LIEU

Lors d’une deuxième réunion, nous nous posons sous les arbres aux Brigittines. Nous rassemblons tous les résultats de la marche exploratoire et des contributions des cartes postales, et nous réfléchissons aux raisons pour lesquelles les gens aiment ce quartier. Qu’est-ce qui est bon pour les filles et qu’est-ce qui pourrait être mieux, tant autour du skatepark que, plus largement, dans les Marolles ?

Nous arrivons à sept points forts. C’est le potential de l’endroit.

Comment ce potentiel peut-il nourrir des interventions concrètes ? Nous comprenons rapidement qu’il ne faut pas nécessairement construire pour rendre les espaces publics plus inclusifs. Les interventions sociales, portées par les filles elles-mêmes, sont d’autant plus importantes.

  1. Interventions dans les espaces publics : sièges, éclairage, interaction sociale, visibilité, espaces ouverts sans clôtures, activités sportives pour les filles (arts martiaux, yoga…), toilettes pour femmes, verdure, couleurs
  2. Occupation de l’espace public : organisation d’événements ou d’activités sportives pour les filles, cours de skate et de roller au skatepark
  3. Collaborer dans l’espace public : sensibiliser les hommes, les garçons et l’environnement : messages et slogans, forger des alliances, débat et échange

Vous trouvez les résultats de ce workshop dans cette brochure.

  • WORKSHOP 3 : RÔLES POUR DÉVELOPPER LE POTENTIEL

La création d’une ville est un travail d’équipe. Pour faire comprendre que chacun a une responsabilité dans le fait de rendre l’espace public plus public, nous jouons un jeu de rôle. Les garçons, les filles, les politiciens, les urbanistes, les directeurs, les animateurs … Qui peut faire quoi ?

Vous trouvez les résultats de ce workshop dans cette brochure.

  • WORKSHOP 4 : CONCEPTS D’INTERVENTION, D’OCCUPATION ET DE COLLABORATION

Lors de l’atelier final, les filles rencontrent les architectes. Nous les divisons en groupes en fonction des trois pistes : 1) interventions physiques, 2) revendication de l’espace par la programmation et les activités et 3) sensibilisation et collaboration. Des exemples inspirants d’autres pays ouvrent la créativité. Ensemble, elles formulent neuf propositions pour rendre les espaces publics plus inclusifs.

Vous trouvez les résultats de ce workshop dans cette brochure.

  • CO-DESIGNING WORKSHOPS

Les architectes, ainsi que certains participants, continuent à travailler sur ces neuf propositions dans le cadre de deux ateliers supplémentaires. Ils distillent des concepts de chacune des trois pistes (interventions physiques / occupation de l’espace / coopération avec les garçons et les hommes), qui sont validés par le groupe entier. La réalisation de ces trois dessins (sociaux) se poursuivra en 2023.

  1. Un tableau de programme, rempli d’activités que les filles prévoient d’organiser en 2023, comme des ateliers de (roller) skate, de karaté et de sérigraphie …
  2. La construction d’une ‘occupation box’, dans le cadre des activités. Avec cette construction pop-up, l’espace peut être occupé pour des fêtes, des performances, une projection de film …
  3. La peinture d’un ‘wall of truth’ avec des messages féministes qui font réfléchir les garçons sur le sexisme et le harcèlement de rue. Là encore, le lien est fait avec les activités et les ateliers, par exemple autour du thème de la micro-agression.

Fête d’inauguration

Les nouvelles installations sont inaugurées lors d’une fête de quartier sur la place de la Chapelle, organisée par Les Mèrolutionnaires.

Vous êtes les bienvenus à cette fête d’inauguration du samedi 17 décembre dans les Marolles (place de la Chapelle, 1000 Bruxelles), organisée par les Mèrolutionnaires.

Programme :

  • 13h : discours d’Ans Persoons (échevine de l’urbanisme), des organisateurs et des filles
  • À partir de 14 heures : ateliers de fabrication de pochoirs, skateboard, boxe
  • Musique, boissons, snacks marocains, château gonflable, miroir magique, lecture de podcasts, expo photos
  • Événement FB : https://fb.me/e/32hQH53Jp

Brochure FR / NL / ENG

Vous pouvez lire toutes les propositions des filles et nos recommandations à l’intention des décideurs et des planificateurs politiques dans la brochure trilingue, également disponible en version papier.

Genre & espace public

Girls Make The City est un nouvel épisode dans les projets autour du genre et de l’espace public, un thème autour duquel ZIJkant travaille depuis de nombreuses années. En 2020, le mouvement féministe et progressiste a organisé un parcours vélo féministe le long des noms de rues féminines et de street art à Bruxelles. L’arrêt final était une nouvelle fresque de ZIJkant, montrant une jeune fille pédalant vers sa liberté. Women Bike The City a connu des éditions de suivi à Anvers et à Gand. Mais les femmes ont également le droit de s’approprier l’espace public sans l’aide d’un destrier d’acier.

Le projet de ZIJkant et Wetopia à Bruxelles vise à co-créer des interventions sensibles au genre avec des filles de milieux très différents qui partagent un espace et un besoin : se sentir en sécurité, libre et heureuse dans les espaces publics.

Pourquoi les filles* (et toute personne qui s’identifie comme telle) ?

Les adolescentes constituent un groupe particulier dans une planification urbaine respectueuse du genre. Contrairement à leurs homologues masculins, elles constituent l’un des groupes les plus invisibles. Pas la ville, mais la chambre à coucher est souvent le décor des films et séries populaires mettant en scène des adolescentes. En effet, selon la chercheuse Eva James, les filles sont beaucoup plus susceptibles de se rencontrer à l’intérieur, vu qu’elles ne se sentent pas chez elles dans la rue.

Une enquête de Kind & Samenleving (2019) démontre clairement que les filles sont beaucoup moins nombreuses (37 %) à jouer dehors que les garçons (63 %). Un équilibre est constaté parmi les jeunes enfants mais dans la tranche d’âge 9-11 ans, seulement 27 % des enfants jouant dans l’espace public sont des filles. Les filles de tous âges sont également plus susceptibles de jouer sous la surveillance d’un adulte. Les chercheurs ont d’ailleurs compté beaucoup moins de filles parmi les enfants en déplacement, ce qui les a amenés à conclure que les filles sont tout simplement moins présentes dans l’espace public que les garçons.

Pour les adolescentes en particulier, le sentiment d’insécurité est un problème. Selon Plan International, neuf filles sur dix à Anvers, Bruxelles et Charleroi ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans la rue. La moitié d’entre elles adaptent leur comportement dans la rue ou dans les transports publics, ce qui restreint fondamentalement leur liberté de mouvement. Elles évitent certains endroits, empruntent un itinéraire différent, ne sortent qu’avec un ami ou choisissent de s’habiller différemment.

Ce qui leur joue aussi des tours : la conception ‘masculine’ des espaces publics. Avec une population qui ne compte que 15 % de filles, les zones sportives sont réservées aux garçons. Certes, des filles aiment aussi jouer au foot ou au basket, mais elles ne se sentent pas les bienvenues dans un lieu dominé par d’autres personnes – principalement des garçons – et où la compétition règne.

Inspiré par des initiatives étrangères telles que l’initiative anglaise ‘Make Space for Girls’, ZIJkant veut donner la ville aux filles pour qu’elles puissent revendiquer leur place.

En outre, il a été prouvé à plusieurs reprises qu’un espace public inclusif profite à tous. Un quartier sûr, social, accessible et mixte crée plus d’interaction et de cohésion sociale. En d’autres termes, tout le monde y trouve son compte.

Vous trouvez les résultats de ce workshop dans cette brochure.

Gagnant Matexi Awards 2022

Notre projet a remporté le prix jury pour l’initiative de quartier la plus fédératrice dans la catégorie ‘particuliers’ lors de la septième édition des Matexi Awards. Tant les autorités locales que les particuliers peuvent soumettre un projet qui renforce le lien entre les voisins et améliore la qualité de vie des quartiers. Outre le prix de l’initiative la plus fédératrice, il y a aussi le prix de l’initiative la plus verte. Pour les deux, un prix du jury et un prix du public sont décernés. Cette année, il y a eu 140 entrées.

Lors d’une soirée festive, jeudi 24 novembre, les 20 lauréats ont été récompensés. Le ministre des finances, Vincent Van Peteghem, et le président du comité d’investissement, Gaëtan Hannecart, ont remis les prix conjointement. Cette vidéo de Girls Make The City, réalisée par l’équipe de communication de Matexi, a été projetée sur un grand écran.

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